Mise à jour du 06 juin : Sur un conseil avisé j’ai intégré le groupe Facebook « Paléographie – aide bénévole ». Un grand merci à Michel Taupin, Chrisetclo laures pour ces corrections et nouveaux compléments - voir les mots en vert.
Mise à jour du 25 mai : BellePioche, Joye de Quartes du groupe facebook « les utilisateurs de Geneanet » et Patrice Legoux m’ont permis de compléter quelques trous - voir les mots en bleu. Merci beaucoup à vous trois de cette aide.
Il y a des messages qui mettent en joie et le mail reçu d’un membre de Géneanet me proposant de me faire parvenir un acte notarié, concernant un couple d’aïeuls de mon épouse est de ceux-ci. Il a acheté cet acte dans une librairie de Saint-Brieuc puis a recherché les généalogistes ayant ces couples dans leur arbre. Aussi un grand merci à Michel SIPERT.
J’ai reçu les trois pages et à la suite de ma première lecture cela me fait penser à un document fiscal faisant suite à un décès pour stipuler aux héritiers leurs obligations. Il y avait aussi un petit mot d’encouragement de sa part : « En tout cas, bon courage pour la lecture ! ». C’est la première fois que je vais m’essayer à la paléographie.
Il y a 275 ans, voici l’acte du 15 mai 1748, règne de Louis XV, concernant les couples François MARTIN et Anne LE CORRE, ancêtres de mon épouse et Charles LE CORRE (frère d’Anne) et Barbe LE GOFF. Je vais compléter cette branche, connaissant maintenant le nom de la mère d’Anne et Charles.
Voici le feuillet 1 de ce document notarié :
Pas évident à déchiffrer et à comprendre le français de cette époque mais j'ai bien aimé l'exercice. J’ai aussi compilé en note de bas de page le résultat de recherches ayant excité ma curiosité.
Il me reste encore 2 feuillets à transcrire que je mettrai ensuite en ligne.
Aussi si vous avez des compétences, pouvez-vous m’aider à compléter cet acte.
J’ai beaucoup tâtonné. Je me suis fait aider par un membre de ma famille ayant des connaissances de latin et de vieux français et par un ami breton mais il reste de nombreux trous.
Il y a des espaces symbolisés par des underscores sur les mots que je n’ai pas réussi à retranscrire. Les mots en rouge sont des suggestions de transcription.
1 - Ce jour le 15 mai 1748
2 - avant midi par devant nous notaires soussignant
3 - de la juridiction de la commanderie du Pallacrest (Palacret (1))
4 - et de la juridiction et châtellenie de Saint Michel concernant
5 - ensemble avec soumission expresse à celle de Saint Michel ont
6 - comparu en leurs personnes honorables gents François MARTIN et Anne
7 - LE CORRE sa femme et Charles LE CORRE et Barbe LE GOFF la
8 - sienne ménages demeurant au bourg paroissiale de LOUARGAT
9 - évêché de Tréguier. Lesquels sont connaissants et adnonants (2) comme
10 - par la présente ils le font envers nous susdits notaires
11 - stipulants et acceptants cette en ce que peut servir et non autrement
12 - pour très haut et très puissant seigneur Joseph Yves Thibault
13 - de la Rivière-Mûr (3) chevalier marquis dudit nom propriétaire de la
14 - châtellenie de Saint Michel, Baron de Crapado, Comte de Corlay,
15 - seigneur de Saint Quioat (Saint-Quihouët) du Pilinec de K’Offret (Kerauffret) de la ville
16 - neuve sur Trieux et d’autre différentes terres et seigneuries
17 - et iceu(x) advouants avoir, tenir, jouir et lui appartenir roturièrement
18 - en fond droiture et propriété soubs (4) et aux fiefs proches et lige
19 - de notre dite cour et châtellenie dudit Saint Michel scavoir
20 - est une pièce de terre chaude vulgairement nominé Liors (5) en
21 - _____ (neug ou neuy) en laquelle il y a une maison principale et une forge
22 - au bout du levant et d’une crèche au côté du nord de jouxte
23 - à leur issue au devant et derrière contenant en fond de cette pièce
24 - de terre les fruitiers y étant et soubs jardin et aire et arrière
25 - cour leurs fossés et _____ en leur cernée et endroit
26 - soixante et onze cordées (6) y aussi compris les fonds soubs les dits
27 - bâtiments et leur issues exposées au devant et vers le grand
28 - chemin de Guingamp à Morlaix cerné d’autres endroits du
29 - couchant sur autre chemin conduisant dudit grand chemin
30 - au grand plassier dudit bourg de Louargat et du nord et du
31 - levant sur le dit grand plassier et le pavé jouxte le cimetière
32 - et toutes les dites choses sus describer (7) vers ladite seigneurie
33 - quitte de rente, ny cheffrante (8) rente aux rapports des dits advouants (9)
Notes
Peut être la commanderie du Palacret
Adnonant : = advenant Advenant (à une pers.). Qui, dans une succession, parvient comme un dû à la personne intéressée. Part advenante (des enfants).
Seigneur Joseph Yves Thibault Hyacinthe, marquis de la Rivière : Commandant de la 2e Compagnie des mousquetaires du Roi, nommé capitaine lieutenant le 1er avril 1754, se démet le 12 avril 1766, décédé à Paris au Palais du Luxembourg en avril 1781. Il est aussi le grand-père du Général marquis de La FAYETTE.
Soubs du latin sub = sous
Liors, [liorzh] = courtil. Situé à proximité immédiate de l’habitation, le liors était très bien amendé et servait prioritairement de potager pour la consommation familiale ou alors à la culture du chanvre ou du lin. On pouvait aussi l’utiliser pour l’édification des tas de paille ou pour y déposer les ruches. Il était entouré d’un muret en pierre sèche dont l’origine remonte probablement au Haut Moyen Age, ou peut-être même encore plus avant. Pour éviter de les confondre, liors est toujours suivis d’un ou même de plusieurs autres éléments. Cet élément peut décrire la fonction du courtil : Liors ar c’han = Courtil au chanvre, Liors luzern = Courtil de la luzerne, Liors bern colo = Courtil du tas de paille, Liors ar marc’h = Courtil du cheval. Il peut en préciser la forme : Liors bihan = Petit courtil, Liors don = Courtil profond. Il peut encore donner le nom de son propriétaire ou de son domanier : Liors Mari Cren = Courtil de Marie Cren. Il peut enfin le situer par rapport à une parcelle ou à un élément du paysage : Liors forn = Courtil du four. Le souci de précision est parfois très poussé comme pour Liors an dreon an ty cors = Courtil de derrière la maison (recouverte) de roseaux.
Cordée : la corde, normalement mesure de longueur, est aussi mesure de superficie. En Bretagne, la corde carrée de 24 pieds de côté fait 576 pieds carrés, soit 60,78 m2, et il en faut 80 pour faire un journal. (Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, 1997). Les 71 cordes de l’acte doivent correspondent à 60.78 x 71 = 4315.38 m2
Describer = décrit
Cheffrante : Le droit dit de cheffrante était un droit additionnel que le seigneur protecteur percevait en plus de son tiers sur certaines propriétés du seigneur protégé.
Advouant : Reconnaître quelque chose comme vrai, comme exact. Approuvant, ratifiant.
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